Les ectothermes terrestres tels que les Reptiles et Amphibiens ne possèdent pas de possibilité de production de chaleur. Leur activité dépend de la température environnementale et de ses fluctuations. Par exemple, une augmentation moyenne de température de 1°C est susceptible d’augmenter les dépenses métaboliques des ectothermes d’au moins 10 à 30% (Samways, 1994). Le réchauffement climatique a ou aura un impact conséquent sur les populations et leur capacité à s’adapter en fonction de l’histoire évolutive des espèces.
Des études sur Zootoca vivipara ont pu mettre en évidence des effets positifs du réchauffement à l’échelle des individus (augmentation de la taille corporelle, de la fécondité et la survie) mais des conséquences négatives à l’échelle des habitats et de la distribution de l’espèce (Chamaille-Jammes et al., 2006) ainsi que sur la survie et la croissance des juvéniles en fonction des sécheresses (Le Gaillard et al., 2010). Pour la Vipère aspic, le succès de reproduction est optimal dans les régions aux températures chaudes de plus de 24 °C (Lourdais et al., 2004).
Le réchauffement climatique va entrainer ces prochaines années un changement profond des aires de distribution des Amphibiens et Reptiles. En Espagne, la distribution potentielle actuelle et future des espèces a été modélisée selon, 3 modèles régionaux du climat et deux types de scénarios de l’IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change), à l’horizon 2100 (Araújo et al., 2011). Cette étude montre que des espèces d’Amphibiens et de Reptiles auront probablement des réductions d’aire de répartition très importante, plus de 90 % d’ici à 2100 comme pour le Calotriton des Pyrénées Calotriton asper ou la Vipère de Seoane Vipera seoanei et de 100 % comme pour la Grenouille des Pyrénées Rana pyrenaica et le Lézard pyrénéen de Bonnal Iberolacerta bonnali.
Des études récentes laisseraient à penser qu’il y aurait une compétition interspécifique entre le Lézard des murailles Podarcis muralis et le Lézard pyrénéen de Bonnal (Pottier, 2007 ; Monasterio et al., 2010). Le réchauffement climatique entrainerait des conditions plus favorables en milieu subalpin et alpin pour le Lézard des murailles, dont l’augmentation démographique permettrait de coloniser les habitats du Lézard pyrénéen de Bonnal, induisant des extinctions de populations dans les zones de contact.
Le réchauffement climatique aura également un impact sur le régime de l’eau des habitats de reproduction des Amphibiens dont certains s’assécheront avant la fin du développement larvaire (Blaustein et al., 2010). La diminution de la hauteur de l’eau engendre une plus forte exposition des embryons aux rayons UV-B, augmentant la mortalité des oeufs. Le réchauffement climatique favorise également la propagation du champignon Batrachochytrium dendrobatidis (Bosch et al., 2007).
Ainsi, de nombreuses études confirment que le changement climatique a déjà des impacts sur l’herpétofaune dont Henle et al. (2008) ont réalisé une synthèse bibliographique européenne qu’il faudrait mettre régulièrement à jour car les effets vont aller en s’amplifiant.