Marche pour le climat en presqu'île d'Arvert (Saint-Palais-sur-mer, le 12 décembre 2015)
Des conditions climatiques favorables ce samedi 12 décembre ont entouré le rassemblement de près de 180 personnes à l’appel de 3 associations (Objectif Biodiversité - OBIOS, Nature en pays d’Arvert - NATVERT et Les Amis de Saint-Palais) pour débattre des impacts sur notre littoral du changement climatique déjà engagé. Délaissant volontairement les causes, les intervenants se sont intéressés aux conséquences sur 3 sites.
• Plage de la Grande Côte à La Palmyre.
Deux phénomènes sont liés à l’augmentation de la température induisant une élévation du niveau marin. Les submersions/inondations marines ou fluvio-marines (estuaire) sont clairement identifiées et font l’objet dans chaque commune littorale de Plans de Prévention des Risques d’Inondations (P.P.R.I.). Les submersions entraînent l’inondation temporaire des parties basses (marais périurbains qu’il faut absolument préserver de l’urbanisation). L’élévation du niveau marin provoque aussi la remontée de la nappe phréatique et la pénétration de l’eau salée sur le continent, sous cette nappe. Il y a alors salinisation des sols mais aussi de l’eau de l’estuaire.
Les phénomènes d’érosion sur cette côte sont aussi bien identifiés depuis près d’un siècle, dus à un déficit dans l’apport de sable. La part du changement climatique est ici difficile à apprécier mais dans tous les cas il est admis que les phénomènes actuels vont être amplifiés.
Sur les plages, l’érosion entraîne la raréfaction voire la disparition d’habitats indispensables à des espèces caractéristiques de notre littoral. C’est particulièrement vrai en haut de plage où laisses et bois échoués disparaissent, plus rapidement encore suite à leur nettoyage mécanique.
• Forêt des Combots d’Ansoine.
Les boisements dunaires de la presqu’île d’Arvert sont composés de pins maritimes et de chênes verts qui sont des espèces bien adaptées à l’augmentation de température. Ces forêts devraient se maintenir à condition que la gestion forestière favorise un boisement diversifié en étages et en espèces qui tamponnent les effets de la sécheresse. Des recherches récentes mettent en évidence un décalage de plus en plus important entre la mise bas chez les chevreuils et la reprise de la végétation printanière. Ce décalage dû à l’influence du climat sur les différents stades de la vie des plantes provoque une mortalité des jeunes.
• Estuaire de la Gironde.
L’augmentation de température due aux gaz à effet de serre a eu une incidence sur l’océan dont la température des eaux superficielle a augmenté d’environ 1°C dans le Golfe de Gascogne entre 1880 et 2000. Les impacts déjà perceptibles sont nombreux comme la remontée des poissons tropicaux (Saint-Pierre rosé, Saint-Pierre argenté…) et la raréfaction des poissons plats d’eaux froides (Limande, Plie…) dans le Golfe de Gascogne, le déclin d’espèces eaux salées/eaux douces comme l’Éperlan et le développement d’une nouvelle espèce de plancton dans l’estuaire de la Gironde.
Sur les estrans rocheux, les espèces à affinité d’eaux froides (Fucus, Patelle commune…) régressent tandis que d’autres espèces à affinité d’eaux chaudes progressent. Des études menées par OBIOS montrent que certaines espèces d’algues comme la Pelvétie ont déjà disparu de l’estuaire de la Gironde.
L’absorption de CO2 par l’eau entraîne son acidification mettant en danger de nombreux organismes qui ont des squelettes ou des coquilles calcaires, comme les Moules chez lesquelles les mécanismes de calcification diminueraient de 25% d’ici 2100. C’est peut-être pour ces raisons que les moulières sauvages ont fortement régressé ces trente dernières années dans l’estuaire.
Tous ces changements auront des conséquences sur les écosystèmes vivants auxquels nous appartenons. À nous d’en prendre bien conscience mais aussi d’agir sur nos élus aujourd’hui au courant des problèmes ou qui devraient l’être. Ce sont eux qui, en appliquant les règlementations, ou en y contrevenant, gèrent notre environnement !